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Pierre GARNIER : « Ech catieu d’Pinkigni »

BON DE COMMANDE « Ech catieu d’Pinkigni »

CouvertureÀ l’heure de retourner à l’année zéro. Au moment où c’est le merlon qui triomphe dans son éclatante blancheur. Le merlon nous porte, les pierres nous envahissent notre mémoire. Elles ne balisent plus les chemins de l’avenir, elles n’abritent plus notre chair, elles ne la protègent plus, elles nous la rappellent. Le poète passe mais le château de Picquigny est toujours là. Le picard est toujours là, un picard de plus en plus blanc, de plus en plus éclatant. Le picard serait-il devenu gothique flamboyant dans l’attente d’une « renaissance » promise ? « Ech catieu d’Pinkigni » est en vérité un texte en trois, trois versions différentes du même texte. Une version principale, la dernière mouture, dans un picard voulu très stable, à même le sol mais dégagé de ce qui peut le dissimuler, et deux autres “catieu”, l’un brut, en l’état, et l’autre extrêmement raffiné dans sa langue, dans le choix des mots et de la graphie.
Si nous devions utiliser une image, nous choisirions celle d’un cidre première pression et d’une eau de vie particulièrement forte. L’éditeur n’a pas voulu imposer un choix basé sur des critères plus proches de ceux du merlon que de l’enfant qui se souvient. La question qui est ici clairement et volontairement posée est celle de la (re)construction d’une langue. Pierre Garnier écrit en picard sans être un poète picardisant. Le picard fait partie de ces matériaux qui l’ont construit, comme le château de Picquigny et la tarte à pron.ne (tarte aux prunes) ed Man Weiss. Nous parrions qu’il y a place pour des auteurs non-picardisants mais qui écriront dans un picard qu’ils constuiront eux même. Là encore, Pierre Garnier est certainement le premier (Ozieu date de 1967) à être entré de plein pied dans cette modernité.

Ech Catieu d’Pinkigni : 112 pages, format 105 x 180 mm, 10,20 €, ISBN 2-913934-05-6

Ch’bistècq suit ed Quate Poèn.mes

Ch'bistecq79 pages · 6,10 € · Illustrations de Jean-Noël Potte

Les Quate po.ènmes datent de 1977 : Georges Bataille y parle pour la première fois en picard, et si ce n’est pas vraiment Bataille, alors au moins son fantôme ! C’est très dérangeant, de lire Bataille en picard, ou même traduit du picard, c’est une expérience plutôt troublante… Ces poèmes sont évidemment violemment érotiques. Ch’Bistècq (Le Bifteck) parut en 1989, dans le dernier numéro de L’lnvention de la Picardie, revue légendaire, creuset de la conscience picarde contemporaine. S’il s’agit là d’un texte pornographique, il nous jette tout de suite bien au delà de la pure et simple pornographie: ce qu’il exprime, presque insoutenablement, c’est une cruelle expérience existentielle (la solitude, l’incommunicabilité) et une haute, une vertigineuse aventure spirituelle, au bord de l’abîme. On ne sort pas indemne de la lecture de ces pages terrifiantes.

Ivar Ch’Vavar est né à Berck en 1951 et vit à Amiens. Depuis les années 1970, il a animé d’innombrables publications clandestines et fondé en 1985 L’invention de la Picardie. Inlassable défenseur de la langue picarde, auteur (sous plus de cent hétéronymes) d’une oeuvre protéiforme.